Le Programme national des Domaines agricoles communautaires (Prodac) se dévoile enfin, révélant son objectif principal de soutenir l’entrepreneuriat agricole des jeunes et des femmes. Cependant, sur les quatre Domaines agricoles communautaires (Dac) prévus, seul celui de Séfa a été officiellement accepté. Les trois autres restent en attente, tandis que le contrat entre le Prodac et Green 2000, maître d’œuvre du programme, a été conclu par entente directe, selon un rapport récent de la Cour des comptes datant d’octobre 2023.
Les enquêteurs de la Cour des comptes révèlent que le budget initial prévu pour le Prodac était de 100 milliards de francs CFA. Sur les onze Dac initialement planifiés, seuls huit ont été financés, mobilisant un total de 88 milliards de francs CFA. La première phase de mise en œuvre a été confiée à l’entreprise israélienne Green 2000 à travers un contrat « clé en main » conclu par entente directe le 28 août 2015, sous la supervision de Daniel Pinhassi pour Green 2000 et de Mame Mbaye Niang, ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne. Ce contrat a été approuvé le 21 septembre 2015 par Birima Mangara, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et du Plan, chargé du Budget.
Cependant, sept ans après sa conclusion, l’exécution des Domaines agricoles communautaires de la première phase du Prodac n’est toujours pas achevée. Les délais d’exécution des travaux ont été anormalement longs, et des problèmes fonciers persistent, notamment au niveau du Dac de Sangalkam, retardant considérablement les travaux. Les enquêteurs notent que Green 2000 s’était engagé à respecter l’échéancier des travaux et à informer le Prodac de tout retard ou manquement, mais ces engagements n’ont pas été respectés. En tout, le contrat devait être exécuté sur une période de 14 mois. Cependant, sur les quatre Dac prévus, seul celui de Séfa a été réceptionné définitivement. Le Dac de Keur Momar Sarr a fait l’objet d’une réception provisoire le 19 juin 2020, tandis que les Dac d’Itato et de Keur Samba Kane n’ont pas encore été réceptionnés.
En réponse aux critiques, Mame Mbaye Niang a défendu le contrat en affirmant qu’il suivait un modèle type approuvé par la Direction centrale des marchés publics et le ministère des Finances, avec toutes les annexes nécessaires. Cependant, la Cour des comptes a souligné que le contrat présenté par le Prodac ne respectait pas entièrement le modèle-type réglementaire, notamment en ce qui concerne les instructions au cocontractant et les prescriptions techniques nécessaires pour une mise en œuvre adéquate. De plus, la Cour a relevé que les factures présentées par Green 2000 étaient hors taxes, contrairement aux termes du contrat initial.