Les tensions au sommet de l’État se reflètent dans la gestion d’un secteur médiatique en crise, malgré un appel présidentiel à la désescalade. Alors que le président Bassirou Diomaye Faye prône un « dialogue rénové » avec la presse, son ministre de la Communication, Alioune Sall, semble s’orienter vers la confrontation. Ce contraste met en lumière des dissensions internes, exacerbées par une intervention ministérielle qui minimise l’autorité présidentielle en affirmant que « les décisions se prendront désormais au ministère, non à la présidence ».
Le récent discours du président, qui avait redonné un semblant d’espoir au secteur médiatique, est ainsi contredit par l’attitude intransigeante de son ministre. Sall, lors du lancement de la plateforme pour la déclaration des médias, a réitéré sa position en affirmant que « l’État n’a aucun problème avec la presse » et en mettant l’accent sur la nécessité pour les entreprises médiatiques de respecter leurs obligations fiscales. Cette approche, perçue par beaucoup comme un moyen de pression économique sur les médias privés, est en décalage avec l’appel au dialogue du président.
Les organisations de la presse, telles que le Cdeps, ne manquent pas de rappeler que leur combat n’est pas un refus de payer les impôts, mais un rejet de l’étouffement fiscal délibéré orchestré par le gouvernement. Face à cette crise latente, des acteurs de la société civile et de l’Assemblée nationale s’efforcent de jouer les médiateurs, bien que les tentatives de dialogue restent pour l’instant infructueuses.
Pendant ce temps, le Premier ministre Ousmane Sonko, dont l’influence sur le gouvernement est de plus en plus manifeste, reste silencieux. Cette absence de prise de position renforce l’incertitude sur qui détient véritablement le pouvoir décisionnel, alimentant les spéculations sur un bicéphalisme au sein de l’Exécutif. La question reste posée : la presse trouvera-t-elle une issue favorable dans cet étau politique qui se resserre autour d’elle ?