Dans un ancien article, nous avions attiré l’attention du nouveau régime sur la situation des prisonniers et des prisons du Sénégal. Mais surtout sur l’état psychologique des détenus après le changement de régime. Nous avions demandé au nouveau régime de prendre des décisions hardies pour donner la chance au maximum de prisonniers en leur faisant bénéficier de grâces présidentielles afin que prenant conscience du nouveau vent de liberté et de changement, ces prisonniers puissent avec un état d’esprit neuf s’insérer dans un Sénégal où l’espoir est revenu.
Nous avions, dans cet article , proposé des pistes de réflexion pour une insertion optimale de ces prisonniers en utilisant au mieux la main-d’oeuvre qu’offrent nos prisons.
Nous avions indiqué que le besoin de repeindre certains artères du pays, le besoin de perpétuer journaliérement les journées set settal du premier samedi de chaque mois au lieu d’attendre justement un seul jour , le taillage ou l’élagage des arbres, le curage des canaux fermés ou à ciel ouvert, les vacances agricoles, les opérations de propreté dans les marchés, dans les cimetières etc sont autant de secteurs qui peuvent permettre l’utilisation de ces prisonniers, mais surtout pour leur réarmement moral et psychologique et leur insertion. Nonobstant le formidable travail de ľONAS .
Depuis cet appel, le constat est fait que le nouveau régime s’est inscrit paresseusement dans le confort dans l’ancienne politique carcérale du défunt régime. Les nouveaux gouvernants se sont inscrits dans l’émission de grâces de façon parcimonieuse mais tellement chiche que nous en ressentons une profonde déception. Nous sommes sûr et certain que c’est aussi le cas chez ces prisonniers, pire pour eux, la déception sera doublée d’une profonde douleur. Malheureusement ils n’ont pas et n’auront pas le moyen de faire entendre leur désarroi et leur profonde déception transformées désormais en colère manifeste dans le cas de la prison du Camp pénal et latente dans les autres prisons du pays.
La frilosité du nouveau régime à changer de politique carcérale va réveiller, comme les premières manifestations le démontrent, les premiers vents de déception nés de l’exercice du pouvoir .
La rupture tant chantée et tant galvaudée n’es pas au rendez-vous de l’immensité des espoirs et des attentes qu’elle a fait naître chez les Sénégalais.
Pourquoi ce nouveau régime de M. Bassirou Diomaye devra t-il attendre les fêtes de tabaski, de korité, d’indépendance pour accorder des grâces aux pauvres prisonniers? Quel mimétisme colonialiste! Quel mimétisme puéril à la limite! Mais surtout quel manque ou plutôt quelle absence de générosité!!!
Nous vous croyions plus indépendants des anciennes pratiques que nous voulons définitivement enterrées, comme nos peurs infantiles mais surtout plus généreux par rapport à vos concitoyens englués dans dans de mauvaises situations. Hélas! Non ! Et certains intellectuels à l’intérieur du Sénégal et à l’étranger semblent avoir raison de dire que le nouveau régime ne rompra rien du tout. Il a même peur de rompre. Il va simplement essayer de balayer, de curer, de redresser, d’aligner, de reformuler, de revoir ou réviser ou de revisiter… bref! Tout ce que vous voulez mais il ne procédera à aucune rupture en profondeur. Les premiers actes le démontrent à suffisance. Nous sommes au regret de le constater.
Qu’est-ce qui les empêche sérieusement de désengorger ces prisons à l’introduction d’une saison des pluies où ils ont émis la volonté de cultiver plus et mieux que le Sénégal n’a jamais eu à le faire durant toute son existence. M. Le premier ministre Ousmane Sonko fera une boutade, à ce propos, en disant que tous les ministres et les hauts fonctionnaires,accompagnés de jeunes iront cultiver. Les vacances gouvernementales seront des vacances agricoles.
Nous proposons à cet effet d’ailleurs des GRÂCES HIVERNALES POUR PERMETTRE AUX PRISONNIERS DE PARTICIPER AUX FUTURES PERFORMANCES AGRICOLES ET AINSI SE RACHETER PUIS RESSENTIR TANT SOIT PEU UNE FIERTÉ.
Nous proposons que ces grâces hivernales servent aussi à la lutte contre la désertification, au reboisement, à la régénération des mangroves et des littorals, à la construction de l’autoroute de l’eau et à revitalisation des vallées fossiles. A tout sauf à les laisser se morfondre en prison et mâcher leur colère comme on en ferait d’un chewing-gum.
Le gouvernement a-t-il été tellement longtemps été imprégné du SYSTÈME que nos ministres ne se sont-ils pas rendu compte que le PROJET EST EN TRAIN DE CLONER LE SYSTÈME DONT ON A DES PHOBIES, dans bien des domaines?
Chérif ANIFANAW SANÉ. Enseignant, cgercheur.
Membre de l’alliance pour la Paix et développement.