Comme à son habitude, le Premier ministre Ousmane Sonko n’a pas mâché ses mots lors de son point de presse hier, où il a vivement critiqué la gestion de l’ancien président Macky Sall. Il a pointé du doigt des dérives graves dans la gestion des finances publiques, accusant certains ministres et responsables d’avoir maquillé les chiffres présentés aux partenaires étrangers du Sénégal. Ces manipulations visaient à donner une image plus flatteuse de l’économie sénégalaise.
Cependant, une question demeure : pourquoi Ousmane Sonko n’a-t-il pas encore pris des mesures contre ceux qui ont participé à ces dérives et qui occupent toujours des postes importants dans son gouvernement ? Parmi eux, on retrouve notamment Cheikh Diba, actuel ministre des Finances et du Budget, qui a occupé des fonctions clés sous le régime de Macky Sall. À l’époque, Diba était chargé de la programmation budgétaire, un rôle stratégique dans la gestion des ressources de l’État.
Malgré les graves accusations portées par Sonko, aucune sanction n’a été prise à l’encontre de ces personnalités. De même, Oulimata Sarr, qui était ministre de l’Économie sous Macky Sall, n’a jamais dénoncé ces pratiques financières douteuses. Ironiquement, elle a été récompensée en étant nommée à la tête de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie), un poste qu’elle occupe toujours.
Pourtant, si Ousmane Sonko souhaite véritablement marquer un tournant dans la gestion des finances publiques du Sénégal, il serait cohérent de se séparer de ces acteurs, souvent complices des dérives qu’il dénonce. Par ailleurs, le Premier ministre, qui a été député pendant cinq ans, a participé aux débats sur le budget de l’État, un budget validé à plusieurs reprises par l’Assemblée nationale et la Cour des comptes. Si des irrégularités existaient, pourquoi n’a-t-il pas réagi plus tôt ?
Les observateurs se demandent également si les accusations de Sonko ne remettent pas en cause la compétence ou l’intégrité de la Cour des comptes, qui n’a jamais été critiquée pour son travail. Le gouvernement actuel, lors du Conseil des ministres, a d’ailleurs approuvé le projet de loi de règlement de 2023. Toutefois, il est essentiel de noter que les audits, évoqués par Sonko, n’ont été déposés à la Cour des comptes que quelques jours après les déclarations du Président Bassirou Diomaye Faye.
Ainsi, pour renforcer sa crédibilité, Ousmane Sonko devra faire face à ces incohérences et prendre des décisions fermes envers les responsables de ces dérives financières, qu’ils soient proches de lui ou non.