L’affaire des marchés publics de l’ONAS et le limogeage de Cheikh Dieng, ancien directeur général de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), sont au cœur d’une enquête menée par le ministre de la Justice. Cependant, la crédibilité de cette enquête est mise en doute, car l’audition de Cheikh Tidiane Dièye, actuel ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, dépend de l’autorisation directe du président de la République.
Selon le journal Bes Bi Le Jour, cette affaire rappelle celle de Farba Senghor, une figure marquante de la politique sénégalaise, qui avait été contraint de quitter le gouvernement sous la pression d’une enquête judiciaire en 2008.
Le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a récemment assuré : « Sur mes instructions, une enquête complète a été ordonnée sur l’ensemble des faits concernant l’ONAS. Je vous donne ma parole que la lumière sera faite sur cette affaire. » Cette déclaration soulève plusieurs questions cruciales : la plainte déposée par Thierno Alassane Sall a-t-elle été écartée ? A-t-elle précédé l’enquête lancée par le ministère ? Le dossier sera-t-il traité par le parquet financier ou par le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar ?
L’implication de Cheikh Tidiane Dièye dans cette affaire rend nécessaire sa démission pour plusieurs raisons. Premièrement, pour permettre une enquête impartiale, le ministre doit se mettre à la disposition de la justice, sans protection gouvernementale. Deuxièmement, cette démission contribuerait à renforcer la crédibilité de l’enquête.
Jurisprudence Farba Senghor : un précédent marquant
L’affaire rappelle l’épisode de 2008, lorsque Farba Senghor, alors ministre des Transports aériens, avait été limogé suite à son implication dans le saccage des journaux L’As et 24H Chrono. Le président Abdoulaye Wade, confronté à une pression publique intense, avait démis Senghor de ses fonctions, malgré leur proximité. Ironiquement, c’est Ousmane Diagne, l’actuel ministre de la Justice, qui avait été chargé d’entendre Senghor, mais ne pouvait le faire sans une dérogation spéciale du président.
Un autre précédent, celui de Mamadou Seck, ministre ayant démissionné en 2004 face à des accusations de détournement de fonds, montre l’importance de préserver l’intégrité du processus judiciaire.
Cheikh Tidiane Dièye, figure de la bonne gouvernance et ancien membre du Forum Civil, suivra-t-il cet exemple et démissionnera-t-il pour permettre à la justice de faire son travail ? L’annonce de l’enquête par Ousmane Diagne relance ce débat crucial.